Comment l’institution judiciaire peut-elle correctement juger les violences sexistes et sexuelles (VSS),tout en étant elle-même confrontée à un sexisme systémique ? C’est l’une des questions que soulève l’enquête,réalisée par le Syndicat de la magistrature (SM,gauche),intitulée « Tout le tribunal a envie de te violer – note sur les violences sexistes et sexuelles dans l’institution judiciaire »,rendue publique jeudi 5 décembre.
Cette note a été impulsée par le groupe de travail du syndicat sur les VSS au sein de l’institution judiciaire. « Nous voulions essayer d’objectiver le phénomène et voir quelles étaient les attentes des personnes concernées »,rapporte Nelly Bertrand,la secrétaire générale du syndicat. Un questionnaire a alors été diffusé,au début de l’année,à l’ensemble des 9 000 magistrats et a recueilli 525 réponses complètes. Si cette note repose sur une enquête dite « de victimation » et donc sur du déclaratif et qu’elle ne peut être totalement représentative,elle permet tout de même de mettre en avant deux tendances : un climat de sexisme ambiant et une persistance des VSS,au sein même de l’institution judiciaire.
Dans le détail,42,6 % des répondants ont déclaré avoir été victimes et/ou témoins de propos ou de comportements sexistes ou discriminatoires liés à leur orientation sexuelle. Plus largement,à la question : « Avez-vous déjà été victimes ou témoins de VSS ? »,respectivement 9,14 % et 15 % des agents ont répondu positivement. Le syndicat a fait le choix de poser spécifiquement deux questions : l’une sur les violences sexistes et sexuelles et l’une sur les comportements et/ou propos sexistes afin de ne pas les minimiser.
L’étude met aussi en évidence une double domination de genre et de hiérarchie,alors même que la profession s’est fortement féminisée avec 71 % de femmes magistrates en 2023 contre 28,5 % en 1982. D’après le rapport,82,5 % des personnes se déclarant victimes de VSS sont des femmes tandis que 91,6 % des faits déclarés auraient été commis par des hommes. Enfin,plus de 70 % des auteurs désignés avaient un rapport hiérarchique ou d’autorité avec la victime.
Il vous reste 53.56% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.