La médecin spécialisée dans l’immunologie Brigitte Autran,présidente du Covars,en 2022. VINCENT COLIN Depuis dix ans,l’Organisation des Nations unies (ONU),par le biais de l’Organisation mondiale de la santé (OMS),tente d’imposer le concept de « One Health ». Cette notion souligne l’interdépendance des santés humaine,animale et des écosystèmes. Fugacement popularisée pendant l’épidémie due au Covid-19,elle peine à s’imposer dans les politiques publiques et dans l’opinion. Pourtant,il suffit qu’il y ait des eaux stagnantes – idéales pour les moustiques – et une épidémie de paludisme peut se développer.
De la déforestation,une forte urbanisation,et ce sont des chauves-souris,dérangées,qui peuvent contaminer des mammifères. Une utilisation abusive d’antibiotiques et des virus résistants apparaissent. Environnement,santé et société sont intimement liés. Comment faire progresser l’idée du « One Health » ? Brigitte Autran dirige le Covars,un comité scientifique indépendant créé à la fin de la loi d’urgence sanitaire,à l’appui du ministre de la santé et de la recherche et du premier ministre,pour les aider dans l’anticipation des risques sanitaires.
Les premières interactions entre l’homme et l’animal sont extrêmement anciennes,et l’on sait depuis toujours dans l’histoire des maladies que les grandes épidémies sont souvent originaires du monde animal. Par exemple,les épidémies de peste telles qu’on les connaît depuis l’Antiquité. Cette réalité a été mise en exergue au début du XXIe siècle avec plusieurs grandes épidémies comme le SRAS [syndrome respiratoire aigu sévère],en 2002-2004,le MERS-CoV [coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient],en 2012,des épisodes pandémiques d’influenza qui proviennent des oiseaux ou du monde animal… Ce concept de One Health a été mis en évidence de façon progressive.