Un jet privé transportant l’ancien roi d’Espagne,Juan Carlos Iᵉʳ,à l’aéroport Peinador de Vigo (Espagne),le 19 mai 2022. BRAIS LORENZO / AFP C’est un nouveau nuage à l’horizon de l’aviation d’affaires,fortement critiquée pour son impact écologique. Les émissions de CO2 des jets privés ont bondi de 46 % en seulement cinq ans,entre 2019 et 2023,selon une étude publiée le 7 novembre dans la revue Communications Earth & Environment,affilée à Nature. En cause : une hausse à la fois du nombre d’avions,des voyages et de la distance parcourue dans ce segment du transport aérien le plus consommateur d’énergie. Si la contribution de ce secteur au réchauffement climatique reste marginale,elle va s’aggraver faute de régulation,mettent en garde les scientifiques.
Les 26 000 avions privés en fonctionnement à la fin 2023 ont rejeté 15,6 millions de tonnes de CO2 l’année dernière,soit l’équivalent des émissions annuelles de près de 3 millions de Français. Pourtant,les utilisateurs de jets,décrits par l’industrie comme les « très grandes fortunes »,ne représentent que 0,003 % de la population adulte mondiale. « Un grand avion privé peut émettre plus en une heure qu’une personne moyenne en une année »,ajoute Stefan Gössling,co-auteur de l’étude et chercheur à l’université Linnaeus en Suède.
Le nombre de jets a augmenté de 28 % entre 2019 et 2023 et les distances de 54 %,selon la même étude. Au total,18,7 millions de vols ont été recensés sur la période. Leur essor semble avoir été favorisé par la pandémie due au Covid-19,l’annulation des vols commerciaux et la crainte de contamination poussant certaines personnes aisées à davantage faire appel aux jets privés. La fortune des plus riches a également progressé sur la période,leur rendant ce type de vols plus accessibles.
Les trajets ne se limitent pas à des vols d’affaires. Une partie est utilisée pour les loisirs,puisque beaucoup de déplacements ont lieu les week-ends et l’été,notamment à destination d’Ibiza (Espagne) ou de Nice. Si les jets privés se sont rendus en masse au Forum économique mondial de Davos en Suisse ou à la conférence mondiale sur le climat (COP28) de Dubaï (Emirats Arabes Unis) l’an dernier,ils étaient également très présents lors de la Coupe du monde de football au Qatar (1 850 jets),au dernier festival de Cannes (640) ou au Super Bowl (200).
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