Larry Steinbachek,Steve Bronski et Jimmy Somerville du groupe Bronski Beat,lors du tournage du clip vidéo pour « Smalltown Boy »,le 20 mai 1984. STEVE RAPPORT/DALLE Quarante ans après,les trois figures géométriques brillent en fond de scène du Queen Elizabeth Hall,au bord de la Tamise. Le rond bleu et le carré jaune suprématistes pourraient être un hommage à Malevitch si n’était superposé un triangle rose,le symbole utilisé dans les camps nazis pour identifier les homosexuels. Comme un défi à la loi du silence.
Cette composition sur un fond noir funèbre – le virus de l’immunodéficience humaine,dit « VIH »,venait alors d’être identifiécomme la cause du sida – distinguel’album The Age of Consent,publié en octobre 1984 par un trio encore inconnu quatre mois auparavant : Bronski Beat. Jusqu’à la sortie d’un premier single,Smalltown Boy. Le falsetto du contre-ténor Jimmy Somerville illustrait la détresse d’un garçon victime d’homophobie sous le règne de Margaret Thatcher,rejeté par sa famille et poussé à s’enfuir parce qu’« [il] ne trouvera jamais chez [lui] l’amour dont [il a] besoin ». Le chanteur avait lui-même quitté Glasgow en 1980 pour trouver refuge dans des squats londoniens,un mois avant que l’Ecosse ne légalise l’homosexualité et ne finisse par s’aligner sur le Sexual Offences Act de 1967 qui l’avait décriminalisée – sous conditions – à partir de 21 ans en Angleterre et au Pays de Galles.
Ecrit à l’attention des solitaires et des réprouvés,Smalltown Boy,troisième du classement britannique et numéro un en Italie,aux Pays-Bas et en Belgique,avait conquis les masses. De quoi pousser l’avantage avec un album au titre revendicatif. The Age of Consent (« la majorité sexuelle ») était en effet accompagné d’un comparatif des législations européennes concernant les gays.
Il vous reste 72.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.