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La Suède prête à abandonner l’excédent budgétaire

2024-10-20     HaiPress

La ministre suédoise des finances,Elisabeth Svantesson,présente le projet de loi de finances du gouvernement pour 2025,au Parlement,à Stockholm,le 19 septembre 2024. PONTUS LUNDAHL/AFP Quand certains pays,comme la France,annoncent des restrictions budgétaires drastiques pour tenter de réduire un déficit public qui ne cesse de se creuser,la Suède,elle,prend une décision inverse. Jeudi 17 octobre,six des huit partis représentés au Parlement – les conservateurs,les chrétiens-démocrates,les Libéraux et les Démocrates de Suède (extrême droite),qui composent la majorité,ainsi que les sociaux-démocrates et les centristes,dans l’opposition – ont fait savoir qu’ils s’étaient mis d’accord pour renoncer définitivement à l’« objectif de l’excédent budgétaire »,adopté il y a vingt-cinq ans,dans le sillage de la crise économique et financière qui avait terrassé le royaume,au début des années 1990.

Selon cette règle,le gouvernement suédois,peu importe sa couleur politique,a obligation de présenter un budget en excédent,à hauteur de 0,33 % du produit intérieur brut (PIB). Un mécanisme complémentaire impose aux partis au pouvoir de maintenir la dette publique en dessous de 35 % du PIB sur le moyen terme. En 2023,elle était à 31,5 % du PIB,soit un des niveaux les plus bas de l’Union européenne.

Pour rappel,en 1996,le déficit public s’élevait à 11 % du PIB,et la dette publique avait atteint près de 70 % du PIB,contre 37,8 % six ans avant. A partir de 1999,les gouvernements successifs ont été contraints de présenter un budget excédentaire à hauteur de 2 % du PIB,puis de 1 %,à partir de 2007,et de 0,33 % depuis 2019.

Crainte d’énormes retards

Longtemps,le consensus règne. Le traumatisme causé par l’état désastreux des finances publiques au sortir de la crise des années 1990 a marqué toute une génération de responsables politiques,pour qui l’orthodoxie budgétaire est la seule voie. Mais ces dernières années,ce principe sacro-saint a commencé à être remis en cause. Par l’extrême gauche et les syndicats,d’abord. Puis des économistes,certains partis de droite et même le patronat,qui s’inquiète que la réduction de la dette à n’importe quel prix engendre d’énormes retards d’investissements.

Dans un rapport publié en juin 2022,la Confédération suédoise des entreprises estime que la rénovation des routes et le développement du système ferroviaire nécessitent au moins 70 milliards de couronnes (6,14 milliards d’euros). Si les investissements tardent,la somme va doubler d’ici à 2033. Et ce n’est pas tout,puisque le budget de la défense a plus que doublé entre 2020 et 2024 et devrait encore augmenter de 50 % d’ici à 2030,tandis qu’il va falloir multiplier au moins par deux la production d’électricité d’ici à 2050.

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