Dan Gertler dans la mine de cuivre à ciel ouvert de Mashitu,dans la province du Katanga (République démocratique du Congo),en 2012. SIMON DAWSON/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES Le gouvernement américain va-t-il lever les sanctions qu’il avait imposées en 2017 à Dan Gertler,le magnat israélien des mines en République démocratique du Congo (RDC),pour revenir dans la course aux minerais stratégiques dont regorge ce pays ? Jean Claude Mputu,qui s’était vu décerner en 2023 le prix de « champion anticorruption » par le département d’Etat américain,en est convaincu. « On vient d’apprendre que Dan Gertler est en train de retirer certaines des plaintes déposées contre ceux qui l’ont dénoncé »,donne pour premier indice le directeur adjoint de l’ONG Resource Matters,également porte-parole de la plateforme Le Congo n’est pas à vendre (CNPAV).
Pour le militant congolais,lui-même poursuivi pour diffamationpar l’homme d’affaires,ce retrait répond à une motivation : Dan Gertler cherche à convaincre le gouvernement américain de signer l’accord qui conduira à un allégement des sanctions du Trésor qui le visent. « L’arrêt des procédures judiciaires faisait partie des préconditions exigées par Washington »,précise Jean Claude Mputu.
Premier producteur mondial de cobalt et premier producteur africain de cuivre,la RDC possède aussi la septième réserve mondiale de lithium et ambitionne de représenter 30 % des exportations mondiales de germanium. Tous ces minerais sont cruciaux pour la transition énergétique,notamment pour la fabrication de batteries électriques. Seulement,les Etats-Unis sont à la traîne. Avec la crise des « subprimes »,dans les années 2000,les entreprises américaines ont vendu leurs participations dans la plupart des grands projets miniers,notamment en RDC.
Ces ressources sont aujourd’hui aux mains de sociétés chinoises. En 2022,Pékin contrôlait directement environ 60 % de la production mondiale de ces terres rares et en raffinait même 90 %,créant un problème de sécurité nationale pour les Occidentaux. Parmi les rares exceptions en RDC : les mines dans lesquelles Dan Gertler détient encore des intérêts. Or les sanctions imposées par le Trésor américain interdisent aux personnes et entreprises américaines de commercer avec les entités ciblées. Par extension,ces sanctions peuvent frapper tous leurs partenaires qui font des opérations en dollars avec elles ou qui ont des intérêts aux Etats-Unis,y compris les banques qui facilitent ces transactions.
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