Dans la salle des machines du réacteur nucléaire de Flamanville 3,exploité par EDF,à Flamanville (Manche),le 25 avril 2024. NATHAN LAINE/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES Entre considérations budgétaires et climatiques,le sort d’EDF risque très vite d’animer les discussions du nouveau gouvernement. Lundi 23 septembre,Agnès Pannier-Runacher a fait son retour à l’hôtel de Roquelaure. Après sept mois comme ministre déléguée à l’agriculture,la revoilà ministre de l’énergie – coiffant aussi,désormais,transition écologique,climat et prévention des risques. Son retour relance le débat sur le projet gouvernemental d’une « taxe EDF »,comme d’aucuns la surnomment. Un drôle de cadeau laissé par Bruno Le Maire,peu avant de quitter le ministère de l’économie et des finances,et critiqué par Mme Pannier-Runacher avant même son retour à l’énergie.
Le 9 septembre,auditionné à l’Assemblée nationale,M. Le Maire a proposé une nouvelle taxe sur les capacités de production électrique. Selon les calculs de Bercy,près de 3 milliards d’euros pourraient être prélevés par l’Etat grâce à cette contribution sur la rente inframarginale de la production d’électricité (CRIM). C’est bien davantage qu’une précédente contribution,qui dépendait des niveaux de prix atteints sur le marché de gros. Ses recettes avaient été de l’ordre de 400 millions d’euros en 2022 et 300 millions en 2023.
Avec la nouvelle mouture,il s’agirait plutôt de taxer la capacité des installations les plus puissantes du pays,celles de plus de 260 mégawatts,quels que soient les prix du marché. De quoi largement cibler le groupe public,loin devant Engie ou TotalEnergies.
A l’heure où l’exécutif cherche encore à rogner sur ses dépenses,reste à savoir quelle sera la position du successeur de M. Le Maire,Antoine Armand,bon connaisseur des questions énergétiques,sur cette source potentielle de recettes. Si le dispositif se confirme,« ce serait une manière détournée de faire encore les poches d’EDF »,dénonce Amélie Henri,déléguée syndicale centrale CFE-CGC dans l’entreprise. Fabrice Coudour,secrétaire fédéral de la fédération Mines-énergie CGT,y verrait une « sanction » de la part de l’Etat actionnaire,« avec un impact majeur sur les projets,les investissements,l’emploi,les filières ».
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