Gérald Darmanin,lors de la passation des pouvoirs au ministère de l’intérieur,à Paris,le 23 septembre 2024. © CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Avec quatre ans,deux mois et quinze jours passés Place Beauvau,Gérald Darmanin ne battra pas le record établi par Roger Frey,ministre de l’intérieur de mai 1961 à avril 1967,mais il aura fait preuve d’une longévité sans pareille depuis un demi-siècle. Une prouesse,pour le transfuge des Républicains nommé en juillet 2020 à la tête du « ministère le plus usant »,selon lui.
Un long passage,marqué par des polémiques et des coups de menton,et commencé quelques mois après sa nomination par le Beauvau de la sécurité,grand-messe qui lui a permis de conquérir les syndicats,cogestionnaires de la police et responsables de la chute de son prédécesseur,Christophe Castaner,quelques semaines après sa sortie sur les « violences policières »,en juillet 2020.
Gérald Darmanin a retenu la leçon : ne pas mécontenter les organisations professionnelles au-delà du raisonnable. Il fera bien davantage. Alors que chaque ministère est exhorté à serrer la ceinture budgétaire,sa loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur,qui entrera en vigueur début 2023,prévoit une confortable enveloppe de 15 milliards d’euros sur cinq ans pour moderniser l’institution. Cette enveloppe a été validée au plus haut sommet de l’Etat par un président de la République qui se sait peu aimé de la troupe,mais en a besoin : à l’Elysée,on a conservé la mémoire du 1er décembre 2018,au plus fort de la crise des « gilets jaunes »,lorsque pendant une poignée de minutes,on a cru les manifestants capables de forcer les grilles du Château.
Gérald Darmanin joue le chef engagé,franc du collier,n’omettant jamais de rappeler ses origines modestes. Lorsqu’il reçoit les syndicalistes sous les ors du ministère,l’ambiance est décontractée,steak frites et bras de chemise,chariot de digestifs à la fin du repas. Il pousse les portes des vestiaires et des salles de repos de centaines de commissariats et de brigades de gendarmerie,visités à raison de deux à trois déplacements par semaine. En un temps record,il adopte les acronymes maison,ne s’exprime plus que dans un sabir de sigles.
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