Béatrice Zavarro,l’avocate de Dominique Pelicot dans l’affaire dite « des viols de Mazan »,au tribunal d’Avignon,le 17 septembre 2024. CHRISTOPHE SIMON / AFP Une chaise bleue est apparue dans le box des accusés,mardi 17 septembre,vaguement molletonnée,un peu moins inconfortable que les bancs de bois. Et Dominique Pelicot,privé d’audience depuis une semaine en raison de sa santé vacillante,est réapparu devant la cour criminelle du Vaucluse,apte à comparaître sous certaines conditions – une pause toutes les quatre-vingt-dix minutes,une hydratation suffisante et un siège plus confortable,donc.
Affaissé dans cette chaise bleue,jambes croisées et micro posé sur son ventre,Dominique Pelicot a écouté la liste des chefs d’accusation,il s’est gratté le nez avec le revers de la main gauche,puis a marmonné dans le micro : « Je reconnais les faits dans leur totalité. » « Je suis un violeur,comme ceux qui sont dans cette salle »,dira,quelques minutes plus tard,l’accusé de 71 ans.
Dominique Pelicot avait déjà tout avoué pendant l’enquête : les viols qu’il a commis lui-même sur son ex-femme entre 2011 et 2020 après l’avoir endormie à coups d’anxiolytiques,et ceux qu’il lui a fait subir par d’autres hommes,inconnus de tous âges rencontrés sur le site libertin Coco.fr,accusés d’avoir abusé de Gisèle Pelicot dans son sommeil. « Je prie ma femme,mes enfants,mes petits-enfants,ainsi que Mme M. [l’épouse d’un coaccusé qu’il reconnaît avoir violée] de bien vouloir accepter mes excuses. Je regrette ce que j’ai fait,je demande pardon,même si ce n’est pas pardonnable. »
La première partie de son interrogatoire,mardi,devait permettre de s’approcher de l’« énigme » Pelicot – terme de l’expert psychiatre Paul Bensussan – et d’essayer de comprendre comment un homme bien inséré socialement,présenté comme un bon père,un bon grand-père,un bon voisin,avait pu en arriver là. Simone de Beauvoir a dû se retourner dans sa tombe lorsque Dominique Pelicot a lancé : « On ne naît pas pervers,on le devient. »
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