Pavel Durov,PDG et cofondateur de Telegram,le 21 septembre 2015,à San Francisco (Etats-Unis). STEVE JENNINGS/GETTY IMAGES VIA AFP Telegram n’en faisait pas mystère,et l’annonçait même sur son site :la messagerie communautaire,qui modère de façon minimale les contenus,ne répondait pas aux réquisitions judiciaires,sauf circonstances exceptionnelles. C’est justement cette passivité qui a,en partie,mené la section cyber (J3)du parquet de Paris à superviser un dossier qui a mené à l’arrestation en France,le 24 août,puis à la mise en examen,le 28,du cofondateur de l’application,Pavel Durov. Le PDG de l’entreprise est mis en examen,entre autres,pour « refus de communiquer,sur demande des autorités habilitées,les informations ou documents nécessaires pour la réalisation et l’exploitation des interceptions autorisées par la loi ».
La garde à vue du flamboyant entrepreneur français,russe et émirati,interpellé à l’aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis),a eu un effet immédiat. Selon nos informations – confirmant celles de Libération –,tandis que le cofondateur de Telegram était en train de répondre aux questions de l’Office national antifraude,l’entreprise sise aux Emirats arabes unis a répondu à plusieurs demandes d’informations formulées par l’Office des mineurs dans le cadre d’enquêtes sur des faits de pédocriminalité. Du jamais-vu pour ce service enquêteur,habitué à ce que la plupart de ses demandes restent lettre morte.
Selon nos informations,seules les demandes ayant trait au terrorisme étaient jusqu’ici traitées. « A chaque fois que nous avons été amenés à saisir Telegram par voie de réquisitions judiciaires,[l’entreprise] a répondu »,confirme au Monde le Parquet national antiterroriste. Un appuidont s’était prévalu le milliardaire d’origine russe dans un communiqué publié quelques jours après son arrestation : « Il y a quelque temps,lorsque cela m’a été demandé,j’ai personnellement aidé [les autorités françaises] à mettre en place une hotline avec Telegram pour faire face à la menace terroriste en France. »
Facilité d’utilisation,grand nombre d’utilisateurs,modération clémente,mais surtout relative discrétion face aux demandes d’informations des autorités : Telegram est devenu,grâce à toutes ces caractéristiques,le lieu de choix pour certaines activités illégales – la vente de drogue,en premier lieu,mais aussi d’armes,la contrefaçon,le recel de produits volés,ou encore la distribution de pédopornographie.
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