Audrey Pineau,Zoé Serafinowicz et Johan Badour,de la jeune librairie Divergences,à Quimperlé (Finistère),veulent mettre en avant les petites maisons d’édition (ici,le 12 avril,veille de l’ouverture). MATTHIEU CHEVALLIER Après vingt années à travailler dans le monde de l’édition à Paris (chez Flammarion,puis Albin Michel),Anne-Céline Drach,49 ans,s’est installée en Bourgogne il y a sept ans. Depuis 2018,elle est responsable communication et événementiel à l’Athenaeum,une grande librairie de Beaune (Côte-d’Or),chargée d’organiser venues d’auteurs et dédicaces autour de l’actualité littéraire. Mais cette grande lectrice avoue avoir eu un petit choc culturel en quittant le centre de Paris pour une région à la clientèle « plus conservatrice ».
« Quand Eric Zemmour sort un livre,certains clients nous demandent s’il viendra le dédicacer à la librairie. Mais notre ligne est de ne pas inviter d’hommes politiques. Si nous les recevions,nos habitués et certains éditeurs nous blacklisteraient. » A l’orée d’une nouvelle rentrée littéraire,les libraires indépendants sont plus que jamais au cœur du cyclone des divisions politiques et idéologiques du pays,et aux premières loges pour observer la manière dont les lecteurs réagissent à la poussée réactionnaire qui agite le monde de l’édition.
En novembre 2023,à la suite de plusieurs mois de tractations,le groupe Vivendi de Vincent Bolloré faisait main basse sur Hachette et ses maisons emblématiques (Stock,Grasset,Calmann-Lévy,Fayard,JC Lattès),mais aussi sur son puissant réseau de distribution (le premier de France en volume). Presse écrite et audiovisuelle (CNews,C8,Europe 1,Le Journal du dimanche),cinéma (via StudioCanal),vente de livres et de journaux (Vincent Bolloré est propriétaire de la chaîne Relay et a également racheté,il y a un an,L’Ecume des pages,librairie emblématique de Saint-Germain-des-Prés)…
A mesure que l’emprise de l’industriel breton sur le monde de la culture s’est étendue,son programme idéologique,de plus en plus inspiré par l’extrême droite,s’est précisé. Mais à l’exception de la nomination en juin de Lise Boëll,l’éditrice historique d’Eric Zemmour,à la tête des éditions Fayard,l’impact du rachat d’Hachette ne se fera a priori pas sentir dans les programmes de parutions de cette rentrée.
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