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Walter R. Echo-Hawk, chef amérindien : « Nos traditions peuvent inspirer un nouveau rapport à la nature »

2024-08-26     lemonde.fr HaiPress

Walter Echo-Hawk en 2019,en Oklahoma. Photo personnelle prise par son épouse,Pauline Echo-Hawk. DR/ PAULINE ECHO-HAWK Avocat,juriste et historien,Walter R. Echo-Hawk fut jusqu’à récemment (de 2020 à 2023) le président de la Nation Pawnee,l’instance officielle qui représente et gouverne cette tribu autochtone originaire du centre des Etats-Unis. Auteur de différents ouvrages sur le droit des populations indigènes,il vient de faire paraître son premier livre en français,Dans un océan d’herbe. Une famille pawnee au cœur de l’Amérique (Editions du Rocher,504 pages,25,90 euros),dans lequel il raconte l’histoire de sa famille sur dix générations,signant l’un des rares ouvrages permettant de comprendre l’une des plus anciennes tribus amérindiennes.

Comme vous l’écrivez dans votre ouvrage,le grand public connaît mal votre tribu : au mieux,on l’a aperçue dans le film « Danse avec les loups » (1990),avec Kevin Costner,dans lequel vous incarnez les « méchants ». Alors,qui sont vraiment les Pawnees ?

Walter R. Echo-Hawk : C’est pour lutter contre les stéréotypes visant mon peuple que j’ai écrit ce livre,le premier livre sur les Pawnees écrit par un Pawnee. Les Pawnees constituent l’une des grandes tribus autochtones vivant en Amérique du Nord avant l’arrivée des colons européens. Unie par une langue et des traditions communes,elle est composée de quatre bandes relativement indépendantes : les Kitkehahki (la mienne),les Chaui,les Pitahauerat et les Skidi.

Nous vivions,probablement depuis plus d’un millénaire,dans le centre des Etats-Unis actuels,au sein des immenses plaines de ce qui correspond à peu près au Kansas,au Nebraska et au Colorado d’aujourd’hui. A la fin du XIXe siècle,nous avons dû nous exiler plus au sud,dans une petite réserve de l’Oklahoma,où nous vivons encore aujourd’hui.

Avant cela,nous étions un peuple de chasseurs,partant deux fois par an pendant trois mois sur les traces du bison,« Père bison »,animal que nous considérons comme sacré. Répartis en différents villages,de 300 à 500 individus chacun,nous étions aussi un peuple de fermiers,à travers la culture du maïs,notre « Mère maïs »,en qui nous voyons également une divinité très importante.

Nous étions enfin un peuple de guerriers,parce qu’il était important d’être forts pour survivre dans ce territoire immense et convoité qui était le nôtre. Mais contrairement à d’autres tribus,nous avons eu des relations relativement pacifiques avec les colons européens. Nous avons d’ailleurs particulièrement entretenu des liens – surtout commerciaux – avec les Français,dès la fin du XVIIe siècle,en nous intégrant pleinement au commerce des fourrures de la route du Mississippi et du Missouri. Et au XIXe siècle,plusieurs guerriers pawnees ont intégré l’armée américaine en tant qu’éclaireurs – notamment pour combattre la menace sioux.

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