Des habitants attendent devant l’hôpital de Mamoudzou,à Mayotte,le 8 décembre 2023. MIGUEL MEDINA / AFP Président de la commission médicale d’établissement au centre hospitalier de Mayotte (CHM),Thierry Pelourdeau tient à utiliser les mots justes : « Les urgences sont en situation critique. » Sans faire de surenchère ou minorer la situation. « C’est très dur pour les médecins,avec de grandes situations de stress »,ajoute-t-il. En souffrance depuis près de deux ans,faute d’attirer des médecins,réticents à s’installer dans un département frappé par des violences récurrentes entre bandes rivales,une crise de l’eau,une épidémie de choléra,minées par des conflits internes entre des médecins et leur chefferie,les urgences de Mayotte ont subi de plein fouet la traditionnelle pénurie de praticiens durant l’été. « A cela se sont ajoutés les besoins pour les Jeux olympiques »,souligne le docteur Pelourdeau.
Le 10 juin,déjà,une cinquantaine de médecins du CHM avaient manifesté à Mamoudzou contre un hôpital en plan blanc « qui s’effondre »,en voulant « alerter la direction,la population,le ministère de la santé ». Avec un effectif théorique de trente-sept postes,les urgences fonctionnent actuellement avec trois équivalents temps plein chargés de gérer l’accueil,les box des malades,l’unité d’hospitalisation de courte durée,le déchocage (le traitement d’urgence de l’état de choc). « Les médecins qui sont là assurent le maximum pour éviter les catastrophes,et réalisent des tonnes d’heures »,assure Christophe Laplace,chirurgien infantile et cogestionnaire,à titre provisoire,du service des urgences.
Pour pallier le manque de médecins urgentistes,des spécialistes – réanimateurs,pédiatres – « descendent » régulièrement dans le service. Il est également fait appel à des médecins généralistes du CHM. « On aboutit à ce que j’appelle des dingueries,avec des situations extrêmes liées aux problèmes de recrutement et au manque d’urgentistes »,décrit Adrien Cussac,chef de service du centre médical de référence de Kahani,établissement dépendant du CHM. Ce que tout le monde à Mayotte appelle « un dispensaire ».
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