Image extraite d’une interview d’Emmanuel Macron par la journaliste Anne-Elisabeth Lemoine,au sujet de la loi « immigration »,dans l’émission de télévision « C a vous » (France 5),enregistrée au palais présidentiel de l’Elysée,à Paris,le 20 décembre 2023. LUDOVIC MARIN / AFP L’immigration,plus on en parle,plus les opinions se crispent. C’est,en substance,ce qui ressort d’une étude à paraître,vendredi 12 juillet,dans la lettre du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii),organisme de recherche indépendant placé auprès du premier ministre. « La couverture médiatique de l’immigration polarise les opinions »,soulignent ses auteurs,les économistes Sarah Schneider-Strawczynski,de l’université d’Exeter (Royaume-Uni),et Jérôme Valette,directeur du département des études quantitatives à l’Institut convergences migrations.
Ces derniers ont mis au jour un mécanisme selon lequel les moments d’exposition extrême du sujet migratoire « réactivent les opinions latentes dans la population et poussent des individus initialement modérés vers l’expression d’opinions plus tranchées »,qu’elles soient favorables ou défavorables à l’immigration. Ainsi,« une couverture accrue de l’immigration conduit les téléspectateurs à accorder une plus grande importance à ce thème,avec pour conséquence une amplification de leur opinion initiale ». C’est ce qu’on appelle l’effet de saillance,« un effet de réactivation des préjugés existants »,explicite Jérôme Valette.
Ces résultats ont été obtenus grâce à l’Etude longitudinale par Internet pour les sciences sociales (ELIPSS),qui a permis d’interroger sur douze vagues,entre 2013 et 2017,le même échantillon représentatif de la population (1 312 répondants,qui regardent régulièrement la télévision comme source d’information politique) et d’identifier pour chaque sondé la chaîne qu’il regarde et l’évolution de ses opinions envers l’immigration. Tandis que l’importance du temps d’antenne consacré à l’immigration dans les journaux télévisés des principales chaînes françaises peut être,elle,mesurée à partir des données de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). « Il est ainsi possible de connaître pour chaque individu son exposition au sujet migratoire et l’évolution de son opinion à ce propos au cours du temps »,expliquent les auteurs.
Il vous reste 46.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.